Je peins. Dans mes toiles, je m’inspire du mouvement des lignes pour créer. J’explore la vibration et le chevauchement des couleurs, comme on l’observe chez les impressionnistes. De nombreux ateliers de modèles vivants m’ont habilitée à saisir rapidement les lignes directrices. Et si, au fil des ans, j’ai tâté différents matériaux, techniques et médiums, faisant en sorte que mes tableaux soient en constante mutation, j’ai maintenant un style : mes personnages livrent un message de persévérance féminine.
Mon travail s’élabore par étapes : après avoir mis des taches d’acrylique sur le support, je l’asperge d’eau et observe le ruissellement qui crée des lignes, des formes, des plans et des espaces. En cours de séchage, des subtilités apparaissent. Le tableau se structure progressivement. Je frotte ou laisse traîner une ficelle trempée de peinture. Les couches s’accumulent et je marque les contrastes. Peindre, c’est ébranler les frontières, bouleverser le regard. Pour moi, cela se traduit par le fait d’oser la force du clair-obscur. Pinceaux et couleurs sont de plus en plus rarement employés : je retourne à l’énergie originelle du noir qui rappelle le fusain et le plaisir de l’ébauche.
Les femmes sont au cœur de mes créations. Mes tableaux cherchent à la fois à saisir leurs énigmes et à les respecter dans leur intimité. Mes visages, volontairement sans traits, jouent le rôle de miroirs. Les femmes peuvent s’y reconnaître, peut-être goûter leur beauté et apprécier la richesse de leurs émotions; les hommes y projetteront les visages de ces mères, sœurs, filles, amies et amours qui façonnent leur vie et qui les émeuvent.